Avez-vous déjà croqué le pépin d’un raisin ?
Il y a de grande chance que oui… et vous vous rappelez aujourd’hui encore ce goût amer et désagréable.
Mais vous êtes-vous déjà demandé pourquoi les pépins de raisin ont un goût si horrible ?
Une histoire d’évolution
La théorie de l’évolution nous apporte un élément de réponse : les pépins de raisin ne sont pas destinés à être mangés/digérés/détruits, contrairement au fruit.
Pourquoi ? Parce que le pépin de raisin contient le patrimoine génétique de la plante.
L’idée est la suivante : la vigne fabrique des fruits les plus délicieux possibles, afin que les animaux qui passent à proximité les consomment. Les pépins, cachés au cœur des grains de raisins, sont ingérés par la même occasion, puis « expulsés » car non digérés. Avec un peu de chance, le pépin germera et un nouveau pied de vigne verra le jour.
C’est donc une sorte de deal entre l’animal et la plante : l’animal trouve de l’énergie dans le fruit, et en retour la plante obtient un moyen de se reproduire.
Mais si l’animal essaye de rompre le deal en détruisant le pépin, ça ne marche plus pour la plante : le pépin est donc protégé (goût désagréable) et si l’animal croque dedans… il s’en rappelle et ne recommence pas 🙂
Les céréales ont évolué de manière similaire
Savez-vous ce que sont les graines de blé pour la plante « blé » ?
Vous l’avez deviné : les graines du blé jouent un rôle similaire à celui des pépins de raisin pour la plante « raisin ». Il s’agit d’un petit emballage destiné à protéger du matériel génétique qui servira à assurer la survie de l’espèce.
Et la nature n’a pas été très inventive puisqu’elle a prévu des mécanismes de défense similaire pour protéger les céréales.
Mangeriez-vous un bol de pépins de raisin au petit-déjeuner ?
Vous mangeriez bien un bol de céréales pourtant 😉
Si les céréales n’ont pas un goût aussi désagréable que celui des pépins de raisin, le concept de protéger l’espèce en protégeant la graine est le même : les céréales (comme les légumineuses à vrai dire) contiennent des composés chimiques destinés à empêcher la consommation animale (et humaine).
Pour aller plus loin, retrouvez ici un article expliquant les mécanismes de défense des céréales, et en quoi la consommation des céréales n’est pas une bonne chose pour l’espèce humaine.
Crédit photo: photo
remy dit
En suivant cette logique il faut aussi éliminer tous les fruits dont les grains sont inévitables : figue, kiwi, baies, etc…
D’autre part que fait-on des tubercules (je suis pas un expert en botanique, mais il me semble qu’ils germent) ?
Pour les céréales on pourrait se dire que la cuisson désactive les protections (chacun s’accorde à reconnaître leur toxicité à l’état cru), de même que la germination.
Enfin tout ça pour dire que cette théorie est intéressante… mais me semble en désaccord avec l’obstination de peuples sains à en consommer (au moins à dose modérée)
Sylvain dit
Bonjour Rémy,
A l’état naturel, les fruits sont conçus pour être ingérés (c’est pour cela qu’ils sont si sucrés), et les pépins sont volontairement cachés dans le fruit par les plantes. Le deal est là : les fruits sont digérés, mais pas les pépins. La plante trouve donc via les animaux un véhicule pour transporter les graines (pépins) plus loin. Les pépins ne sont pas comestibles pour éviter que l’animal qui mange le fruit ne détruise le pépin, et donc anihile les efforts de la plante.
Je ne suis pas sûr de comprendre ta question sur la germination des tubercules (et je ne suis pas un expert en botanique non plus 😉 ).
Un article traitera du cas particuliuer des céréales. Pour continuer dans l’analogie avec les pépins de raisin, les cuire ne les rendra pas moins infects.
Enfin, ta dernière remarque est très intéressante. Elle dépend de la définition de « peuple sain ». De qui parle-t-on ? Aussi, toutes les céréales n’ont pas un impact équivalent sur la santé (le riz pas exemple est bien plus bénin que le blé).
A bientôt,
Sylvain
Yonni dit
Super intéressant cet article , je suis entrain de m’ intéresser à la nutrition en ce moment et ton blog est une mine d’ informations. Je n’ai rien à ajouter malheureusement , aucunes questions qui me viennent à l’ ‘esprit .Pourtant il fut un temps, je pensai que si j’avalai malencontreusement une graine ou un pépin un arbre pouvait pousser dans mon ventre lool 😉
A très bientôt,
Yonni
Sylvain dit
Bienvenue Yonni et bonne lecture !
Sylvain
remy dit
Salut Sylvain
« Un article traitera du cas particulier des céréales. Pour continuer dans l’analogie avec les pépins de raisin, les cuire ne les rendra pas moins infects. »
Et comment le sais-tu ? 🙂
En fait je remarque une sorte d’affrontement entre 2 visions philosophiques :
– d’une part un certain finalisme, avec l’idée par exemple que les fruits sont « faits » pour être mangés ; on trouve une forme atténuée de finalisme avec l’idée que l’homme a évolué avec certains aliments, qu’il est donc « fait » pour une alimentation « paléo »
– d’autre part, une vision plus complexe où « tout est toxique » : l’intelligence doit trouver le nectar au coeur du poison… une vision plus alchimique (cf. Paracelse et sa citation « seul le poison fait la dose ») qui utilise par ailleurs de nombreuses métaphores agricoles ! pourquoi les céréales ne seraient pas un « super-aliment » si correctement « préparées » ? on a mis en évidence des anti-nutriments (possiblement désactivables) mais il est fort possible qu’elles possèdent des atouts jusqu’alors inconnus. Pour le toxique le plus connu, l’acide phytique, certains mettent en avant sa capacité à chélater le fer (souvent trop abondant) : autrement dit des doses homéopathiques/ »vaccinales » pourraient être intéressantes. Peut être un toxique A + un toxique B = quelque chose de merveilleux, va savoir ! En grec, le mot « pharmakon » désigne aussi bien le poison que le remède.
Concernant les peuples sains, on pourrait dire que ce sont ceux qui vivent vieux en bonne santé, où il y a pas mal de centenaires, etc… Par exemple les Hunzas, hyper robustes, mangeaient surtout du blé (même pas fermenté à la Sally Fallon), comptaient des membres de 120-140 ans, etc…
Pour conclure cette petite réflexion, je dirais que le « back to basics » paléo constitue une base de travail intéressant, mais un peu trop réducteur/binaire. En saupoudrant d’une vision « alchimique » transversale, grâce aux recherches scientifiques & expérimentations personnelles, il me semble qu’on peut arriver à quelque chose de plus juste.
Sylvain dit
Bonjour Rémy,
Absolument, je parle sans connaissance de cause puisque je n’ai jamais cuit de pépins de raisins 😉
De la même façon qu’il n’existe pas de super-aliments (puisque tous ont des inconvenients tels anti-nutriments ou autres), il n’existe pas de super-régime car chacun est différent. Sylvain du blog Clair et Lipide a inventé l’expression de « meta-régime », dans le sens où le régime paléo peut s’adapter aux besoins/objectifs de chacun; une sorte de base de travail saine sur laquelle chacun est invité à expérimenter (c’est aussi l’une des idée derrière le titre de ce blog 🙂 ).
Pour les Hunzas, je ne connaissais pas. Là encore, c’est une question d’expérience personelle. Si les Hunzas avaient un gène qui les rendaient particulièrement bons dans la digestion du blé, alors pas de problème pour être centenaires dans ces conditions. Reste à voir sous quelle forme ils consommaient le blé aussi (niveau de raffinage ?).
Merci pour ton commentaire et à bientôt,
Sylvain
remy dit
Hello
Oui j’aime bien l’expression « méta-régime », comme tu le dis : une base de travail saine.
Apparemment les Hunzas consommaient le blé entier (ce qui d’après nos théories est encore pire !) ; en revanche il est fort possible que leur blé ne soit pas « muté » comme le nôtre. La vie en altitude pourrait être également un facteur de longévité. Mais en fait ce que je voudrais pointer, c’est qu’il est sûrement trompeur de vouloir isoler un facteur (blé, altitude, etc…) : il s’agit probablement d’une « alchimie » particulière, par exemple la raréfaction de l’oxygène permet de métaboliser telle ou telle substance qui serait toxique dans d’autres conditions, etc…
J’allais dire que l’explication du « bon gène » est un peu courte, mais finalement peut être pas tant que ça, dans la mesure où je crois en la possibilité adaptative du corps humain. Encore faut-il en avoir les ressources. Peut être que cette force d’adaptation est corrélée au taux métabolique comme le suggèrent certains ? C’est peut être l’avalanche trop rapide de substances « toxiques » qui a diminué notre capacité à muter, alors qu’un contact plus parcimonieux nous aurait laissé intacts, voire plus forts.
Sylvain dit
Salut Rémy,
Oui, j’aime bien l’idée que trop de changements trop rapidement (sans compter ceux initiés il y a 50 ans) dépassent notre capacité d’adaptation. Je vais manger mes grains de raisins petit à petit et je te dirai ce que ça donne 🙂
Sylvain
Charlie P. dit
Vous m’apprenez quelque chose! Je savais que certaines plantes développées un goût amer ou des épines en surface, mais pas que les plantes pouvez protéger leur « progéniture ».
Valérie dit
Bonjour Sylvain,
Je débute avec les principes de nutrition paléo, et je me demande si les autres graines sont bénéfiques ou pas : tournesol, pépins de courge, sésame, lin ?
Merci pour votre réponse
Valérie
Sylvain dit
Bonjour Valérie,
Il est tout à fait possible de consommer les graines que tu cites, par contre il est fortement conseillé de les faire tremper au préalable (une nuit par exemple) puis les faire germer afin de désactiver certains inhibiteurs enzymatiques.
Il est également préférable de les consommer en quantité raisonnable (chaque aliment a ses avantages et ses inconvénients, d’où l’importance de varier les aliments que l’on consomme).
A bientôt,
Sylvain