J’ai une confession à vous faire : quand j’étais étudiant, j’allais au MacDo après la piscine.
Ça partait bien pourtant : nous étions un petit groupe d’étudiants, et voulions bouger un peu plus. Nous avions donc décidé d’aller nager les mercredis. Tous ensemble, histoire de se motiver.
Le seul hic : nous allions régulièrement « recharger les batteries » au MacDo après ces séances de natation.
Nous n’étions pas stupides : nous savions bien qu’aller au MacDo, effort ou non, était un mauvais choix…
Mais nous y allions quand même.
Probablement, l’effet conjoint d’une inéducation sur l’alimentation, d’un effet de groupe, mais surtout, nous avions ce sentiment que ce MacDo allait être « compensé ».
C’est sur ce dernier point que porte cet article.
Compensation ou pas ?
Notre raisonnement était :
J’ai fait du sport, c’était dur et inconfortable. J’ai fait du bien à mon corps, donc c’est ok de manger moins bien. Ça « compense » de toute façon. Et puis, j’ai bien mérité un petit réconfortant non ?
Derrière cela, il y a l’idée qu’il existe une ligne médiane, une sorte de niveau zéro qui définit un niveau « normal ». Ainsi :
- bien manger, faire du sport, dormir suffisamment, c’est aller au-dessus de cette ligne
- au contraire, mal manger (junk food), ne pas se bouger, dormir peu, c’est aller en dessous
L’erreur de raisonnement se situe dans l’idée que :
- Le positif compense toujours le négatif
- L’objectif à atteindre, c’est cette ligne médiane, ce rez-de-chaussée, ce niveau 0 !
1. Le positif compense le négatif : et les agios alors ?
Une action positive ne compense pas toujours une action négative. Car il y a parfois des résidus.
C’est comme à la banque : si votre compte courant reste trop longtemps en dessous de zéro, la banque le note quelque part. Et même si finalement vous repassez dans le vert, vous allez devoir payer des agios !
La banque se souvient de tout… et de la même façon, votre corps enregistre tout, il « voit » tout.
Si vous avez du sommeil en retard, il est certain que dormir plus va vous faire du bien.
Toutefois ce que l’état de fatigue aura engendré (manque d’enthousiasme, de motivation, irritabilité, difficulté à se concentrer et à mémoriser, risques accrus de maladies du cœur, de diabète, d’hypertension artérielle, d’obésité et de dépression) aura été imprimé quelque part.
Tout cela restera même après une bonne nuit de sommeil !
Ce qui est (peut-être) compensé, ce qui ne l’est pas
Pour revenir à la natation : suite à notre effort, il est possible qu’une petite partie des sucres d’un MacDo aient été absorbés par les muscles et le foie.
D’une certaine manière, la natation ça « compense » un peu le MacDo. Mais quid du reste ?
Ce n’est pas parce qu’on a fait du sport qu’il existe une période de trêve, durant laquelle :
- le gluten du hamburger n’irrite pas le petit intestin
- le lactose (du Sunday chocolat) ne cause pas de problèmes de digestion
- les colorants, les conservateurs et autres aliments trafiqués (sirop de glucose-fructose) ne se fixent pas quelque part dans l’organisme
Pour tout ça, il n’existe pas de période de grâce : sport ou non, ça n’est pas compensé… Le corps voit tout, il enregistre tout.
2. L’objectif n’est pas au rez-de-chaussée
Se dire que, dès que l’on a fait quelque chose de bien pour soi, alors on a du crédit à dépenser, c’est viser le rez-de-chaussée.
Or ça ne doit pas être l’objectif : il faut viser les étages ! Et chercher à continuellement élever la ligne médiane.
Chaque étape franchie devient une nouvelle référence, un nouveau plancher.
Progression par paliers : objectif, ne jamais redescendre !Pour continuer sur l’image de la banque, cela revient à réinvestir chaque année les intérêts ou les dividendes dans le capital. Ce qui fait une sacré différence sur le long-terme !
Estelle ou Olivier sont d’excellents exemples de ce principe : si après chaque séance de sport, ils étaient allés faire des écarts, compenser leur séance avec de la junk food, auraient-ils obtenu les résultats que l’on sait ?
Je suis persuadé que non.
Ces exemples montrent la bonne approche : pour créer un nouveau plancher et toujours élever la ligne de base, la clé est de se recharger sainement, et ne compenser que ce qui doit l’être.
Mazette ! Le paléo permet justement cela 🙂
Compenser ce qui doit l’être, et sainement
Suite à un effort, la compensation juste est celle qui permet de contre-balancer les pertes liées à la dépense physique : il est en effet indispensable de donner au corps de quoi se refaire et se réparer.
Il faut ainsi recharger les stocks de glycogène (foie et muscles), compenser la perte de sels minéraux (sueur), permettre la reconstruction des micro-déchirures musculaires, …
- Après une séance de cardio particulièrement intense (30/30, séance de VMA, course, etc.), vous aurez certainement besoin d’augmenter la part de glucides lors du prochain repas (voir les sources de glucides dans le paléo)
- Après une séance de force (musculation, crossfit, escalade par exemple), les muscles auront besoin de protéines
Cette recharge post-entrainement peut être faite en restant 100 % paléo, et de manière raisonnable.
On est très loin de la philosophie du MacDo. Ici on vise à donner le nécessaire :
- en quantité
- en qualité
- SANS le superflu (sucres raffinés, gluten, laitages, produits chimiques…)
Refaire le plein certes, mais sans annihiler les efforts. Construire, plutôt que niveler !
Conclusion
Du MacDo à la recharge paléo « saine et juste », il y a du chemin.
Cela implique de se connaître, tant d’un point de vue physique (estimer la dépense physique, et donc la recharge) que mental (arrêter de croire en cette ligne médiane, et ne pas l’utiliser pour justifier des écarts).
Ce n’est pas évident, mais tant qu’on reste bloqué dans ce genre de schéma… on se limite.
Bon courage à toutes et à tous.
Crédit photo : photo, photo, photo
brolychan dit
je te dirais depuis 14 mois que je suis paléo, je ne supporte pratiquement plus le macdo
si je mange un macdo ou un kebab, c’est sur je ne serais pas bien, et je te dirais aussi que je n’ai plus le même plaisir à manger cela
trop sucré, peu de saveur.
Feny de Mod'Sapiens dit
Salut Sylvain,
Super article, j’entends souvent ça en plus, « Oh j’ai fait du sport je peux me laisser tenter par ci ou ça »
Mais maintenant que je suis au paléo, je n’ai plus tellement envie de manger du sucré ou de la mal bouffe en abondance, et dès que mange quelque chose type pizza bas de gamme je suis malade ( je le digère très mal ).
J’aime beaucoup désormais devoir être créatif pour apporter des desserts avec du goûts sans le sucre.
Cordialement.
Chris dit
Salut Sylvain,
J’aime bien cette idée de médiane qui définit notre capital santé. Personnellement j’applique une technique ou je suis une modèle alimentaire un peu contraignant et le dimanche je me lâche. Je sais que beaucoup de monde fait ça et ça permet de garder une médiane stable (ou de rester au-desus).
Je ne mange pas totalement paléo car j’ai besoin d’un peu plus d’apport en glucides comme je fais plus de 12h de sport par semaine. Par contre je trouve que c’est le modèle alimentaire le plus sain pour l’homme !
Bonne continuation.
Chris
Sylvain dit
Bonsoir Chris,
Merci pour ton message.
Même si la majorité des gens le pratiquent de la sorte, le paléo n’est pas nécessairement pauvre en glucides ! Il suffit d’aimer les patates douces 🙂
A bientôt,
Sylvain